La lutte clandestine en France by unknow

La lutte clandestine en France by unknow

Auteur:unknow
La langue: fra
Format: epub
Tags: History, Military, World War II, Modern, 20th Century
ISBN: 9782021401257
Google: Ki6PDwAAQBAJ
Éditeur: Le Seuil
Publié: 2019-04-03T07:00:00+00:00


À la rencontre de la France rurale

La naissance des maquis refuges et leur transformation, même partielle, en maquis combattants concernent au total de 30 000 à 40 000 personnes. Le chiffre peut sembler modeste et dans l’absolu il l’est. Mais à l’échelle des ressources humaines limitées dont dispose la Résistance au début de l’année 1943, il représente un apport considérable. Pour le seul département de la Haute-Savoie, on estime ainsi à 5 000 le nombre de réfractaires qui cherchent refuge.

Pour camoufler, ravitailler et protéger ces apprentis maquisards, les organisations de Résistance souffrent d’un manque criant de ressources. Elles doivent donc pouvoir s’appuyer sur des complicités locales, à commencer par celle des paysans du cru dont le rôle en matière d’approvisionnement et d’hébergement s’avère immédiatement crucial. Ces logiques de solidarité et d’entraide touchent en réalité le monde rural dans son ensemble : le personnel des mairies – maires, conseillers municipaux, secrétaires – est sollicité pour fournir faux papiers et tickets d’alimentation tandis que médecins et infirmières sont mis à contribution pour délivrer de faux certificats et procurer des médicaments. Quant aux curés et aux instituteurs des villages, ils font souvent office d’intermédiaires pour placer les jeunes réfractaires chez des gens sûrs. Il n’est pas rare que la mobilisation touche même certains gendarmes locaux qui assurent un rôle de sentinelle en alertant les hommes des bois des opérations policières à venir.

C’est tout un environnement géographique et social qui se trouve ainsi, de fait et graduellement, mobilisé par la proximité d’un maquis. Rédigé en juin 1943 par deux inspecteurs des Renseignements généraux, un rapport sur le maquis de Bassurelles, situé au cœur du massif cévenol de l’Aigoual, se conclut par ces termes :

Nous avons pu déduire que la quasi-totalité des habitants de cette région est entièrement opposée au Service Obligatoire du Travail, et ceux-ci sont prêts à aider de tous leurs efforts les jeunes défaillants venant chercher refuge dans le pays […]. Ces jeunes gens sont pris en subsistance dans des fermes, où ils sont également occupés. La population leur est presque entièrement acquise.

Le milieu rural devenant par endroits « une zone de repli et de protection » (Jean-Marie Guillon), on comprend mieux le souci permanent des responsables du Service national Maquis de ne pas se couper de ces précieux soutiens. Le 25 mai 1943, les deux premières circulaires adressées aux cadres des maquis soulignent l’absolue nécessité de respecter les populations civiles, « non seulement parce que l’existence du maquis dépend de leur bonne entente avec la population, mais parce que les hommes du maquis sont l’élite du pays ». À travers ces interrelations, c’est la survie même du maquis au milieu d’une nature hostile qui est en jeu comme Michel Brault le résumera d’une formule après la guerre : « Les maquis ne peuvent survivre que s’ils ne sont jamais surpris. »

Résumons-nous : au-delà du renfort de poids que constituent les réfractaires, l’essentiel réside dans le fait que la Résistance sort de son cadre initial et commence à se diffuser dans les campagnes.



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